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KRASHTEST #11: chiller du côté de la lutte finale

Comme vous le savez tous, en ce moment à l'université Paul Valéry c'est un peu la merde. Comme partout dans les autres facs en France et en Europe d'ailleurs. Cela faisait un moment que l'on se demandait si c'était vraiment normal d'avoir cours à 60 dans des salles où les normes de sécurité exigeaient qu'on n'y soit à pas plus de 35 personnes. On trouvait assez bizarre aussi que des bouts de placo nous restaient dans les mains quand on s'appuyait un peu trop fort sur les murs de l'amphi D. Mais c'est véritablement quand on a compris que nos profs vacataires n'étaient pas payés depuis le début du mois de septembre que l'on s'est rendu compte qu'en fait, ben ouais c'est pas mal la merde.


Du coup depuis à peu près 3 semaines, la fac alterne entre jours de blocages, jours de cours, Assemblées générales, manifestations, débats, réunions de mecs qui jonglent sur les pelouses etc.

Au tout début du mouvement, il n'y avait que des tractages par-ci par-là, des manifestations d'une centaine de personnes et des AG où personne ne venait. Soit les gens avaient la flemme de s'investir (j'avoue, j'en faisais partie), soit ils n'étaient carrément pas au courant. Et puis à un moment, y'a eu le gros ras le bol général, et un blocage a été voté. Les gens continuaient à ne pas prendre ça au sérieux, d'autres ne savaient toujours pas ce qu'il se passait (bon là quand même faut vraiment le faire hein). Et puis quand le blocage a été reconduit pour 5 jours, là ça a pété dans les chaudières...
Des gens ont commencé à râler, réclamaient le droit d'aller en cours,etc. On pouvait en voir sur facebook des espèces de connards imbuvables s'exprimer comme des cadres trentenaires parisiens pendant les grèves de la RATP en disant des trucs du style « on est pris en otage !! » (je pense qu'il n'ont jamais testé un blocus en Afghanistan).
Ce qui fait que deux clans se sont créés : les pro-blocages et les anti-blocages. Des centaines de pages facebook se sont elles aussi créées pour les deux clans, incitant chacun de leurs côtés à venir aux AG. Du coup à l'AG du 12 novembre qui a suivi, on est passé de 500 à 1200 personnes dans l'amphi. Le débat fut long, très long (7h d'AG non-stop – j'vous raconte pas la galère quand j'ai eu envie de pisser alors que j'étais au milieu de l'amphi ), et ça tournait autour de la même chose : blocus ou pas blocus. Tout le monde pouvait prendre la parole mais personne ne respectait celle de l'autre (d'ailleurs le micro se baladait tellement, qu'un mec a parlé de ses feuilles de framboisier qu'il fumait en période de disette...Mais c'est une autre histoire). Quand on était anti-blocages on se faisait traiter de connard de facho, quand on était pro-blocages on se fait traiter de connard d'hippie branleur. Et au final, plus personne ne parlait du problème initial qui nous avait amené à être tous ici : la faillite de la fac. En fait on aurait dit que tout le monde s'en tapait. Plein de gens anti-blocages montaient sur l'estrade pour raconter leur histoire en mode « Rémy sans famille », les pro leurs répondaient avec leurs arguments pas toujours clairs, mais personne n'essayait de comprendre ce qu'il se passait. C'était assez affligeant.

Puis est venu le moment du vote. Je crois que si un mec avait voulu écrire le dictionnaire des pires insultes, il n'aurait eu qu'à poser un dictaphone dans cet amphi, et à recopier le tout au propre en rentrant chez lui. On faisait appel aux compteurs pour qu'ils recomptent à dix reprises, certains disparaissaient et réapparaissaient 30ans plus tard... bref le bordel quoi.
Et puis dès que le vote sur la reconduction ou non du blocus fut faite, environ 60% de l'amphi se cassa. Alors qu'il restait encore des votes pour les moyens alternatifs de mobilisation (qui pourrait éventuellement remplacer le blocage).
Je crois que c'est à partir de ce moment-là que j'ai décidé de ne plus croire en l'espèce humaine...

Voilà ce qui en était pour le débrief' d'une grosse AG.

Maintenant voici ce qu'il s'est passé quand on s'est rendus compte que l'on se faisait lâcher par les gens de notre propre fac, mais qu'il fallait continuer à lutter puisque dans les autres facs de France, les gens se réveillaient.
Mardi 19 novembre, soit une semaine après l'AG de l'enfer, le Conseil d'Administration allait faire voter ses nouvelles mesures d'austérité. Comme il l'avait été décidé lors de la précédente assemblée, nous sommes allés manifester devant la salle du conseil pour se faire entendre - puisque l'on arrivait pas à se faire lire avec des mails et des pétitions. Sauf que, problème, l'administration avait prévu le coup et avait décidé de bloquer l'accès au couloir où se trouvait la salle du conseil, et avait au préalable désactivé toutes les alarmes à incendie. Bon en même temps, vu que l'on avait jamais été aux normes de sécurité dans cette fac, ils n'étaient plus à ça près.
Du coup on a voulu gueuler dans le couloir pour qu'ils nous entendent quand même, mais ça ne marchait pas trop. Un gars a eu une idée, il avait prit un bout de papier où il avait marqué « pas content » pour le faire glisser sous la porte. Puis un autre mec a eu une idée : «ben s'ils veulent s'enfermer on n'a qu'à les aider». C'est ainsi qu'une soixantaine d'étudiants et profs vacataires se sont mis à foutre des tables et des chaises sur chaque entrée en attendant une réaction plus constructive de la part de la présidence. La dite réaction aura été faite par la présidente qui appela la police (notamment aussi à cause du papier « pas content » qu'elle avait pris comme une menace de foutre le feu au bâtiment). Sauf que 5 minutes après le chef de la sécurité (présent au CA) les a rappelé pour leur que c'était absolument inutile de venir.

La seule revendication des bloqueurs durant cette action, était que le CA reçoive une de leurs délégations pour engager des négociations par rapport aux décisions prises sur le tirage au sort et les paies des vacataires. En échange quoi, ils les relâcheraient. Sauf qu'au final, la présidente appela le préfet de police, le CA fut suspendu, et les bloqueurs débloquèrent sans obtenir gain de cause.
Suite à cette action, l'AG qui suivit fut assez tendue (et je mesure mes mots, parce que la baston de meufs -en mode on s'arrache nos dreads et nos rajouts- en face moi c'était pas beau à voir). Le soir sur facebook, beaucoup d'étudiants en colère ont commencé à s'exciter pour rien, et le clash entre les clans est reparti de plus belle.
Cependant cela ne fut pas totalement inutile, puisque l'on fit parler de nous dans les médias (de grand journaux, renommés pour leur qualité journalistique en terme d'objectivité et de sérieux, du style 20 minutes et son horoscope perrave), et que la présidente va maintenant vouloir réfléchir à deux fois avant de déclarer « lutter toute seule » contre la rigueur du ministère (en faisant voter au CA ses mesures drastiques d'austérité).

Aujourd'hui, après plusieurs AG sous tensions et des étudiants plus divisés que jamais, la levée du blocus a été votée jusqu'au 10 décembre. Et alors que l'on commençait à perdre espoir en voyant chaque jour des connards se cracher dessus virtuellement comme réellement pour des histoires de positionnement à la con, d'autres facs en France (Paris 8, Lyon 2, Lyon 3, Bordeaux 3, Clermont- Ferrand, Caen, Toulouse et Montpellier 3) se réveillent peu à peu : alleluia !

Sinon maintenant que la trêve temporaire a été annoncée, il ne me reste plus qu'aller m'enterrer sous mon tas de fiches bristols (encore blanches), en m'écoulant des litres de café noir comme mes cernes à la Rusard dans Harry Potter, et en clopant comme une tarée (oué mé la fumé c la nouritur 2 lamme tavu #punchline).

BISOUS MES GALERIENS

Où est Charlie?

Où est Charlie?

"Et là y me dit le con, "je suis pas une couille, je suis un kiwi ô fatigué!" -Hahahha  wallah t'es drôle Dédé!!" Bon j'essaie de faire croire que ya grosse ambiance, mais en vrai ya pas de mec qui ressemble à Romain Duris et les gens sont pas trop en mode grosse marrade

"Et là y me dit le con, "je suis pas une couille, je suis un kiwi ô fatigué!" -Hahahha wallah t'es drôle Dédé!!" Bon j'essaie de faire croire que ya grosse ambiance, mais en vrai ya pas de mec qui ressemble à Romain Duris et les gens sont pas trop en mode grosse marrade

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